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Le quatrième Nocturne

" Je suis à un tournant de mon état d'âme et je ne m'amuse pas".
" C’est une autre expression de moi" 

A dit Satie à propos de ses nocturnes

Avec ses cinq Nocturnes, Satie mettait en 1919 un point final à la série des recueils pour piano qui forment pour ainsi dire la colonne vertébrale de son œuvre. De son modèle, les pièces éponymes de John Field et de Frédéric Chopin, il reprit le caractère romantique et rêveur, la forme tripartite et le mouvement berçant. En revanche, l’harmonie est tout à fait personnelle et procède d’un système qu’il avait imaginé lui-même. 

Nocturnes est un ensemble de cinq pièces pour piano d'Erik Satie, composé en 1919.

Unis par un tempo lent, une mesure ternaire à , une forme ternaire commune A-B-A où B change de tonalité, une mise entre parenthèses de l'humour caractéristique du compositeur, une "écriture linéaire [et une] inspiration secrète et mélancolique", les cinq Nocturnes sont composés entre août et novembre 1919 et sont publiés en deux cahiers, le premier chez Rouart-Lerolle en 1919 regroupant les numéros un à trois, les quatrième et cinquième étant édités chez Demets en 1920.

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L'ensemble complet, d'une durée d'exécution de dix minutes environ, comprend cinq numéros, "pénétrés d'un égal caractère de mélancolie contemplative":

"Je suis à un tournant de mon état d'âme et je ne m'amuse pas", écrit Satie à Valentine Hugo à l'époque de composition des Nocturnes.

 

Premier Nocturne — Doux et calme, dédié à Mme Marcelle Meyer
Deuxième Nocturne — Simplement, dédié à André Salomon
Troisième Nocturne — Un peu mouvementé, dédié à Mme Jean Hugo (Valentine Hugo)
Quatrième Nocturne — croche = 92, dédié à Mme la Comtesse Étienne de Beaumont
Cinquième Nocturne — noire pointée = 60, dédié à Mme Georges Cocteau

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​​​Malgré une teinte générale commune, chaque nocturne possède son climat propre. Guy Sacre note l'abondance d'intervalles conjoints dans le premier, en ré majeur, et son caractère paisible à l'exception d'un choral vigoureux dans sa partie centrale. Pour le deuxième, dans la même tonalité, "plus court et moins lisse", il souligne sa "basse ourlée" et sa "mélodie sinueuse". Toujours en ré majeur, le troisième Nocturne est construit autour de la quarte et est "le seul à quitter un instant son  :  le trio (en sol majeur, calme) est à , à trois et quatre parties très chantantes".

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Le quatrième Nocturne est qualifié par Sacre de "plus émouvant de la série",

en si dorien, et explore les quintes.

 

Quant au cinquième, en ré mineur/fa majeur, il est le plus chromatique de tous. Alfred Cortot retient en préférences ce dernier morceau, "pour la distinction d'une réalisation sonore dont tous les détails [...] sont traités avec la plus séduisante ingéniosité", ainsi que le premier, "pour le caractère insinuant et rêveur de son thème principal, la franchise quasi rustique de son intermède".

Satie a laissé un brouillon de composition d'un sixième nocturne, complété et réalisé par le musicologue Robert Orledge, publié chez Max Eschig en 1994.

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