
Auditorium virtuel Claude Ballif

Musique de scène de 1892 pour accompagner la pièce homonyme, en trois actes, de Joséphin Peladan.
Ecoutez "Le prélude n°1 La vocation"
Couverture de la première édition des Préludes (1911). Exemplaire ayant appartenu à Maurice Ravel prêté ou donné par Roland-Manuel.
En 1891, Satie fait la connaissance de Joséphin Peladan, grand maître de la "Rose-Croix du Temple et du Graal", et devient maître de chapelle attitré de l'ordre. C'est dans ce cadre qu'il écrit plusieurs œuvres destinées à accompagner des cérémonies de la confrérie, dont une musique de scène pour une "pastorale kaldéenne" (ou "wagnérie kaldéenne") en trois actes de Péladan.
La partition originale de Satie est composée pour flûtes et harpes, mais seule une version pour piano subsiste aujourd'hui, de la main du compositeur, dont on retient plus particulièrement les préludes, publiés séparément dès 1896 chez E. Baudoux.
La partition est aussi ésotérique que le texte qu'elle encadre, avec des indications expressives hermétiques et des allusions symboliques suggestives.
​


Une œuvre de la période dite : "mystique" de Satie
Pour le critique musical Guy Sacre, les trois préludes "juxtaposent, dans la forme mosaïquée que Satie affectionne, sonneries d'accords et fragments mélodiques". Quant à Alfred Cortot, le pédagogue renommé, il leur attribue : "...une impression de secret et indéfinissable envoûtement".
L' extrême modernité des Préludes du Fils des étoiles
Pour Vincent Lajoinie, ils annoncent, "par une étrange faculté divinatoire", la plupart des innovations marquantes du XXe siècle musical : "ainsi y découvre-t-on avec surprise les agrégations de quartes dont Bartók et Scriabine ne feront usage qu'autour de 1910, tandis que certaines superpositions polytonales, voire polymodales, annoncent directement les recherches futures de personnalités aussi diverses que Stravinsky, Milhaud, Ravel ou Roussel". Il note également les progressions, autant d'ordre rythmique qu'harmonique, qui caractérisent la succession des trois préludes. Ainsi, on remarque l'apparition de nouvelles formules rythmiques, "croches dans la Vocation, triolets dans l'Initiation, double croches dans l'Incantation". De même, "l'harmonie devient de plus en plus diversifiée au fur et à mesure que l'on avance dans l’œuvre".
​
Maurice Ravel interprète au piano le prélude du 1er acte La vocation lors du 6e concert de la Société musicale indépendante le 16 janvier 1911 à la salle Gaveau.
Trois mois après ce concert, Erik Satie, dans une lettre à son frère Conrad Satie du 11 avril 1911, affirme : "Ravel orchestre les préludes du Fils des Étoiles pour les donner aux concerts d’avant-garde". Ornella Volta indique qu'"on n’a jamais retrouvé d’orchestration par Ravel des Préludes du "Fils des Étoiles"". En fait, Ravel n'orchestra qu'un seul prélude, inédit et perdu, référencé sans précisions par Roland-Manuel.
​
Manuel Cornejo précise que le premier prélude a été orchestré par Maurice Ravel pour illustrer le poème Hymne au soleil de Valentine de Saint-Point et que les deuxième et troisième préludes ont été orchestrés par son élève Roland-Manuel pour illustrer les poèmes Amour et La Chevelure de Valentine de Saint-Point, les trois préludes orchestrés étant créés lors du spectacle « Métachorie : danses idéistes » organisé par Valentine de Saint-Point le 20 décembre 1913 à Paris au Théâtre Léon Poirier (future Comédie des Champs-Élysées).