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Mémoires d'un amnésique

Les cahiers d'un mammifère

L'esprit de Satie y revêt mille formes divertissantes. Il va de l'humour pince-sans-rire au mot le plus cru, de l'ironie la plus fine à la cocasserie ahurissante. Ces écrits sont évidemment des morceaux d'anthologie. Ils sont dignes d'Alphonse Allais et de Jules Renard. (Les gravures sont d'Alfred Jarry).

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Extraits & fragments
N°1

Extraits & fragments
N°2

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Extrait de Mémoire d'un amnésique

Intelligence et musicalité observées chez les animaux

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Une fois encore Satie est d’avant-garde et les militants animalistes d’aujourd’hui ont à s'inspirer de lui.

L'intelligence des animaux est avant tout une négation.
 

Mais que fait l'homme pour améliorer l'état mental de ces concitoyens résignés ?
Il leur donne une éducation médiocre, tout à fait décousue, incomplète, telle qu'un enfant n'en voudrait pas pour lui-même ; et il aurait raison, cher petit être.
Cet apprentissage consiste principalement à développer l'instinct de cruauté et de vice qui existe ataviquement chez les individus.


Le contenu d'un tel enseignement ne traite jamais d'art ou de littérature, ni de sciences naturelles, ni de sciences morales, ni de telles autres disciplines.
Les pigeons voyageurs ne sont nullement préparés à leur mission par aucun usage de la géographie ; les poissons sont tenus à l'écart de l'étude de l'océanographie ; les bovins, les moutons, les veaux ignorent l'agencement raisonnable d'un abattoir moderne, et ignorent leur rôle alimentaire dans la société que l'homme a formée.


Peu d'animaux profitent de l'instruction humaine. Les chiens, les mulets, les chevaux, les ânes, les perroquets, les merles et quelques autres sont les seuls animaux qui reçoivent quelque enseignement.
Et pourtant, c'est plus une éducation qu'autre chose.
Comparez, je vous prie, cet enseignement à celui que donnent les universités à un jeune humain de première année, et vous verrez qu'il est nul et ne peut étendre ni faciliter les connaissances que l'animal aura acquises par son propre travail, et son dévouement à lui.
Mais musicalement ?
Les chevaux ont appris à danser ; les araignées se sont pendues sous un piano pendant la durée d'un long concert, concert organisé pour elles par un maître respecté du clavier.
Et après cela ?
Rien.


De temps en temps, on nous parle de la musicalité de l'étourneau, de la mémoire mélodique du corbeau, de l'ingéniosité harmonique du hibou, qui s'accompagne en se tapant le ventre, milieu tout artificiel et d'une polyphonie médiocre.
Quant au rossignol toujours cité, ses connaissances musicales font hausser les épaules au plus ignorant de ses auditeurs.
Non seulement sa voix n'est pas placée, mais il n'a aucune connaissance ni de tonalité, ni de ton, ni de modalité, ni de battement.
Peut-être est-il doué ?
C'est possible ; c'est même certain.
Mais on peut dire que sa culture artistique n'égale pas ses dons naturels,
et que sa voix, dont il se montre si fier, n'est qu'un instrument très inférieur, et tout à fait inutile en soi.

Erik Satie 
 (François Cavanna aurait pu rédiger ce texte sur le fond; comme sur la forme)

Avec votre souris essayer de décrocher l'araignée de sa toile ou même tenter de  décrocher la toile du piano

"...Les araignées se sont pendues sous un piano pendant la durée d'un long concert, concert organisé pour elles par un maître respecté du clavier.
Et après cela ?
Rien..."

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