
Auditorium virtuel Claude Ballif
Musique répétitive & minimalisme
Les prémices de la musique minimaliste se trouvent dans certaines œuvres d'Erik Satie, notamment par son emploi de la forme répétitive en ostinato vu comme un "dépassement extatique du temps dans la répétition, dans l'obsession contemplative du même" et qui sert de base à plusieurs compositions
MONDRIAN?


Dès 1914, il réalisait des tableaux empreints d’un minimalisme austère et très personnel, et traçait le parcours visuel distinctif qu’il suivrait tout au long de sa longue carrière.
Le minimaliste apparait en réaction au lyrisme pictural de l'expressionnisme abstrait et en opposition à la tendance figurative et ironique du pop art. Le minimalisme est l'héritier du modernisme, et plus particulièrement du Bauhaus. Il fait sienne la maxime "Less is more" ("moins, c'est plus") c'est un principe qui émerge de l'idée que la simplicité et la clarté mènent à un bon design. Le concept "Less is More " est souvent associé au mouvement du modernisme en architecture et au design, bien qu'il puisse être appliqué à de nombreux domaines, y compris l'art, la littérature, la musique et le mode de vie.
Le minimaliste Erik Satie et sa

La Première Gnossienne (1890) est la première pièce que Satie écrit selon un schéma répétitif, il expérimentera plus en avant avec sa pièce mystique Vexations (1892-1893).
Cette dernière consiste à répéter 840 fois de suite un même motif, la durée de la pièce pouvant atteindre une vingtaine d'heures. Vexations sera exécutée pour la première fois à l'initiative de John Cage en 1963 à New York, c'est-à-dire dans les années de naissance du minimalisme.
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Meredith Monk, souvent associée au courant minimaliste, participera à une exécution des Vexations lors d'un festival Satie en 1966, et Gavin Bryars et Christopher Hobbs feront de même à Leicester en 1971.
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Satie est cité par les minimalistes comme une référence, notamment par Steve Reich. Un hommage en forme de clin d'œil lui est aussi rendu avec la composition de Philip Glass, Piece in the Shape of a Square, référence à Trois Morceaux en forme de poire, de même ses œuvres Music with Changing Parts et Einstein on the Beach reprennent une forme de progression des mouvements en arche de type ABCBCA utilisée auparavant par Satie. Pour Michael Nyman, Satie est " indispensable pour quantité de raisons", et il le tient pour le seul compositeur préexpérimental dont le travail est indispensable.
Une sensation de temps qui s’étire que l’on retrouve dans l’accompagnement de la main gauche au rythme immuable (note longue/note courte). Par dessus ce rythme lancinant, une phrase musicale, sinueuse, étrange mais que l’on finit par apprivoiser au fur et à mesure qu’elle se répète. La particularité des oeuvres minimalistes : nombreuses sont celles qui laisse une liberté d'interprétation et de re-lecture constante, et par les compositeurs eux-mêmes, permettant aux oeuvres de s'adapter aux différents contextes, et au temps ....
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Le minimalisme façon Satie c'est l'utilisation d’un matériau musical simple, épuré et répétitif qui ne rougit pas de mettre en valeur une mélodie et des harmonies limpides et vidées d’un post-wagnérisme complexe et du sérialisme envahissant du XX°. Les Vexations, les Gnossiennes, les Ogives et les Gymnopédies sont ainsi du minimalisme avant l’heure. Terry Riley, La Monte Young, Meredith Monk, Tom Johnson sont des enfants de Satie dans leur refus d’adhérer aux diktats musicaux de leur époque et se sont comme lui intéressés aux musiques populaires contemporaines (jazz et pop music).
Les minimalistes Anglais ont eux aussi été sensibles à l’esprit iconoclaste de Satie : l’ambient de Brian Eno s’inspire de toute évidence des provocantes musiques d’ameublement du Français. Michael Nyman, Howard Skempton, Cornelius Cardew, Christopher Hobbs et Gavin Bryars n’ont aucun souci pour souligner l’influence satiesque dans leurs musiques.
Le fameux accord de 7e majeur satiesque
Qu'est-ce qui fait qu'un accord est une septième majeure ?
Les accords de septième majeure sont construits à partir des 1er, 3e, 5e et 7e tons d'une gamme majeure . Une autre façon simple de construire un accord de septième majeure est de commencer par une triade majeure et d'ajouter un intervalle de septième majeure au-dessus de la fondamentale. (Pensez à : 1–3–5–7).
Par exemple : pour Do majeur 7 sa composition est do-mi-sol*SI* ( et pas *DO* !).
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La septième majeure représente donc la note sensible au sein de la gamme majeure. Sensible, elle l’est par sa résolution et son attirance "naturelle" pour la tonique, toutes les deux n’étant séparées que d’un demi-ton, distance la plus infime du système musical tempéré. Voilà ce qui constituerait en grande partie le "noyau d’expérience" de cet intervalle : une sensibilité exprimée dans sa fragilité tonale ; dans sa capacité à diluer la binarité des harmonies majeures et mineures, telle la brume " aqueuse" des toiles de Monet. Chez Satie, cette fragilité tonale témoigne matériellement d’un moment de la modernité à la fin du 19e siècle – crépuscule des certitudes de la philosophie positiviste –, celui de la dissolution d’anciennes structures intellectuelles, y compris celle de la syntaxe tonale.
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Dans la Gymnopédie No.1 d'Erik Satie, l'intervalle formé entre la basse et la note
la plus aiguë du premier accord est une septième majeure.




Si vous souhaitez approfondir le sujet
Dans l'excellente émission de Zoé Sfer sur France Culture