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Bonjour Biqui bonjour !

Erik Satie et un auto-portrait par Suzanne Valadon
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Seule histoire sentimentale connue d'Erik Satie, cette liaison durera très précisément,

"du 14 janvier au 20 juin 1893".

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Leurs rapports sont conflictuels mais intenses : Suzanne peint ce portrait de Satie qui sera l'une de ses toutes premières toiles. Erik compose lui les Danses gothiques, un lendemain de dispute, et dédie aussi à Valadon cette œuvre minuscule, "Bonjour Biqui bonjour !".

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Hélas, hormis le caractère hors-norme de ces deux artistes, tout les oppose, de leur milieu social à leur regard sur la vie. Valadon quitte finalement Satie et le laisse, comme il le dira lui-même, avec "rien, à part une froide solitude qui remplit la tête avec du vide et le cœur avec de la peine".​
 

Marie-Clémentine Valadon

 

Est née en Haute-Vienne, en France, en 1865. Sa mère, alcoolique, était mère célibataire et subvenait à ses besoins en travaillant comme femme de ménage. À onze ans, Marie abandonne l'école et commence à exercer des petits boulots.

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Acrobate, trapéziste, dans un cirque

à l'âge de quinze ans

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Un an plus tard, elle fait une chute en spectacle et qui la contraint à de prendre sa retraite. Cependant, elle a une excellente idée pour son prochain métier. De nombreux artistes avaient visité le cirque, fascinés par les couleurs et les mouvements du spectacle, et elle  utilise ces relations pour trouver du travail comme modèle.

 

Son fils Maurice Utrillo
 

En 1883, elle donne naissance à un petit garçon prénommé Maurice. Elle n'a jamais confirmé sa filiation. La rumeur disait que le garçon était de Renoir, mais il le nia. Suzanne connait une vie tumultueuse, fréquemment bouleversée par les frasques de son fils alcoolique.

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De modèle à artiste emblématique et audacieuse.

 

Amante de Toulouse-Lautrec en 1886. Il la surnomme Suzanne, d'après le conte "Suzanne et les vieillards", car elle aime poser pour des hommes d'âge mûr. Leur relation dura deux ans. La plus ancienne œuvre de Valadon est un autoportrait au fusain et au pastel, réalisé en 1883, alors qu'elle a 18 ans. Au cours des années suivantes, bien qu'elle n'ait reçu aucune éducation formelle, elle étudie attentivement le travail des artistes pour lesquels elle sert de modèle et intègre ce qu'elle apprend d'eux dans ses propres œuvres. Edgar Degas fut l'un de ses grands mentors. Elle apparaît également dans des tableaux de Renoir et de Morisot, entre autres.

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À la marge des courants dominants de son époque

 

Le cubisme et l’art abstrait sont en germe alors qu’elle défend avec ardeur la nécessité de peindre le réel. Elle place le nu, féminin comme masculin, au centre de son œuvre, représentant les corps sans artifice ni voyeurisme.

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Elle se lie avec le riche financier Paul Mousis

 

En 1888, Paul Mousis souhaite l'épouser. Elle refuse, craignant de perdre son indépendance, mais accepte de devenir sa maîtresse. Durant sa relation avec Mousis, en janvier 1893, elle rencontre alors le compositeur Erik Satie, âgé d'une vingtaine d'années, pianiste de son état. ​​​​​

Ainsi commença l'un des triangles amoureux les plus célèbres de l'histoire de la musique et de l'art.


Satie sortait souvent avec Valadon et Mousis. Satie espérait qu'elle finirait par le choisir, car il lui tenait visiblement à cœur. Elle peignit le célèbre portrait de lui et finit par endosser le rôle de gardienne, s'occupant par exemple de raccommoder ses chaussettes et de lui préparer le dîner. Il tomba profondément amoureux d'elle.

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​Mousis se plaignit de cet arrangement atypique et la quitta, puis revint. Satie se plaignit également, mais Valadon emménagea avec Mousis à deux portes de chez Satie. Sa relation avec Satie n'a manifestement jamais été solide, et ils se sont séparés en 1893. Satie était fou de chagrin. On peut entendre certains de ses sentiments dans "Vexations", une courte pièce généralement considérée pour piano, bien qu'aucune instrumentation ne soit précisée.

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Valadon restera avec Mousis pendant de nombreuses années. Mais sa patience envers le style de vie bourgeois finit par s'épuiser et, en 1909, alors qu'elle avait la quarantaine, elle entame une liaison avec l'ami de son fils, l'artiste André Utter. Ils finirent par se marier et restèrent ensemble jusqu'en 1934. Quant à Satie, il mourut en 1925 et ne retomba, à priori, plus jamais amoureux.

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Suzanne Valadon a dit de sa vie et de sa carrière : "J'ai eu de grands maîtres. J'ai pris le meilleur d'eux, de leurs enseignements, de leurs exemples. Je me suis trouvée, je me suis forgée et j'ai dit ce que j'avais à dire".

 

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Suzanne Valadon & son fils Maurice Utrillo

Le 18 janvier 1893, Satie se lie à l'artiste peintre Suzanne Valadon, une femme libre menant dans le Montmartre pittoresque de la Belle Époque une vie extravagante, bravant les interdits de son époque en véritable pionnière. D'abord acrobate puis modèle, elle était la fiancée de Toulouse Lautrec. Satie la demande en mariage, en vain, après leur première nuit Dans sa passion pour sa "Biqui", il rédige des notes enflammées :"Impossible de rester sans penser à tout ton être ; tu es en moi ; partout je ne vois que tes yeux exquis, tes mains douces et tes petits pieds d’enfant..." et compose à son intention cette curiosité musicale le 2 avril 1893, en guise de cadeau de Pâques. Quant à Suzanne Valadon, elle peint le portrait de Satie.

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