
Auditorium virtuel Claude Ballif
La diva de l'Empire
La Diva de l'Empire est une chanson populaire française composée par Erik Satie, avec les textes de Dominique Bonnaud et Numa Blès. Avec "Je te veux" (1903), c'est probablement l'exemple le plus célèbre des pièces de café-concert écrites par Erik Satie. La création à eu lieu le 26 juillet 1904 à Paris dans la revue "Dévidons la bobine", par la chanteuse Paulette Darty, surnommée "la reine de la valse lente".
Le grand chapeau de Kate Greenaway,
Ses dessins ont inspiré une ligne de mode populaire pour les jeunes filles à la fin du XIXe siècle. "La Diva de l'Empire" portait une tenue similaire.
La Diva de l’Empire est la pièce qui apporta le plus de succès à Satie de son vivant, de quoi lui remplir temporairement ses poches percées.
Le texte fait référence à l’Empire Theater de Londres, dont les foyers intérieurs étaient lieux de vices et d’affaires pour les courtisanes de luxe. Satie composa un air naïf et dansant à trois temps. Une marche qui fait danser les gentlemen et tous les dandys de Picadilly. Calibrée pour la voix, l’allure et la sensualité de son amie Paulette Darty. Satie lui a, d'ailleurs, dédiée cette marche chantée écrite en vue de servir "d’intermezzo américain" dans la revue "Dévidons la bobine", produite par Dominique Bonnaud et Numa Blès, destinée à faire le tour des stations balnéaires dès 1904.
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Les chansons de cabaret de Satie du début des années 1900 étaient le produit d'une période malheureuse de sa vie, lorsqu'il n'était pas sûr de sa direction musicale et que la pauvreté le contraignait à écrire ce qu'il appelait des "rudes saloperies" (" merdes grossières") pour gagner sa vie.
Comme l'a souligné Rollo H. Myers, il a réussi à le faire sans sacrifier son intégrité créative : "Ce qui est intéressant dans ces premières compositions « Montmartre », c'est qu'elles montrent que Satie, même en imitant les méthodes et le langage du cirque et du music-hall, a réussi d'une manière ou d'une autre à préserver toute sa candeur innée et la pureté de son style".

Le refrain
Sous le grand chapeau Greenaway,
Mettant l'éclat d'un sourire,
D'un rire charmant et frais
De baby étonné qui soupire,
Little girl aux yeux veloutés,
C'est la Diva de l'Empire.
C'est la reine dont s'éprennent
Les gentlemen
Et tous les dandys
De Piccadilly.
1
Dans un seul "yes" elle met tant de douceur
Que tous les snobs en gilet à cœur,
L'accueillant de hourras frénétiques,
Sur la scène lancent des gerbes de fleurs,
Sans remarquer le rire narquois
De son joli minois.
2
Elle danse presque automatiquement
Et soulève, aoh! très pioudiquement,
Ses jolis dessous de fanfreluches,
De ses jambes montrant le frétillement.
C'est à la fois très très innocent
Et très très excitant..
3
Dans un seul "Oui" elle met une telle douceur,
Que tous les snobs en gilet
L'accueillent avec des hourras frénétiques,
Lancent des bouquets de fleurs sur la scène,
Sans observer le sourire narquois
Sur son joli visage.
4
Elle danse presque mécaniquement
Et soulève, Oh ! si modestement,
Sa jolie culotte à froufrous,
Montrant ses jambes frétillantes,
En même temps c'est très, très innocent
Et très, très excitant.
Paulette Darty a chantée "La Diva de l'Empire" en tournée dans toute la France et en a détenu les droits exclusifs jusqu'à sa retraite en 1908.La chanson a été enregistrée pour la première fois par Adeline Lanthenay pour Pathé en 1912 (le plus ancien enregistrement connu d'une composition de Satie). Après la Première Guerre mondiale, H. Ourdine a publié une transcription pour piano et Satie a fourni un arrangement pour orchestre de brasserie.
​Dans une lettre postée d’Arcueil à l’intention de Paulette Darty, Satie loue le charme de la chanteuse en affirmant notamment "qu’il faudrait avoir des entrailles de fer pour ne pas vous applaudir, pour ne pas claquer des pieds et des mains et même des dents". Il semble néanmoins que ces deux personnalités seront un temps brouillées avant de se réconcilier de façon fort émouvante, du moins d’après l’écrivain Blaise Cendrars, lequel assista aux retrouvailles.

Pauline Joséphine Combes, dite Paulette Darty
Bien avant de devenir La Reine des Valses lentes, elle débute par le piano qu'elle étudie au Conservatoire. Après quelques rôles à l'Eden
de Vichy dans diverses opérettes, elle se fait connaître à l'Eldorado vers 1895, puis à la Scala à partir de mars 1897.
Dessin de Sempé
qui illustra l'album du récital Erik Satie
de la pianiste Chantal de Buchy
Quatre mains avec Théodore Paraskivesco
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Si Suzanne Valadon a été la seule relation amoureuse connue de Satie, Paulette Darty chanteuse aurait pu devenir la compagne de Satie si celui-ci n’avait pas eu peur de devenir "cocu" selon ses propres mots.




