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Ogives

Alfred Eric Leslie Satie, dit Erik Satie, n’a pas vingt ans quand il compose en 1886 ses Quatre Ogives pour piano seul. Musique mystique aux harmonies héritées du plain-chant grégorien qui fit peu de bruit lors de leur publication en 1889. Aujourd’hui encore, en les écoutant, cette musique fascine par sa simplicité, sa profondeur et sa modernité. Dans une France dominée par l’influence massive de Wagner contrée par une école française représentée par Camille Saint-Saëns, le jeune Erik Satie, seul sous les toits de Montmartre, invente la musique du futur.

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Une même lenteur 

 

Guy Sacre relève la même lenteur qui parcourent les pièces, avec un tempo immuablement noté très lent, la permanence de l'usage des accords parfaits, et la forme qui caractérise chaque morceau, "en quatre lignes chacun, une mélodie imitée du plain-chant, suivie de son harmonisation en accords parallèles, tour à tour pleins [...] ou aérés [...], copiant ainsi l'intonation du chantre et les réponses de l'assemblée".

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Une même structure
 

Dans chaque Ogive, la forme est semblable et se compose de quatre parties : dans une première partie, le thème est exposé en octaves nues, dans une nuance pianissimo, puis est harmonisé en accords parallèles dans une deuxième partie à l'aide des trois renversements de l'accord parfait, dans une nuance fortissimo. La troisième partie, pianissimo de nouveau, varie la précédente en limitant l'harmonie à l'accord fondamental. Enfin, la quatrième partie, fortissimo, est une répétition de la deuxième partie.

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Du proto-minimalisme

Une

Les Ogives marquent une période de rupture dans l'univers musical du XIXe siècle. Erik Satie, figure singulière de son temps, explore le minimalisme avant que celui-ci soit formulé comme courant. Les pièces sont publiées pour la première fois en 1889, période où Satie commence à s'éloigner des enseignements académiques conservatoires pour forger une voie originale.

Le terme "ogive" fait référence à l’architecture médiévale de Notre-Dame-de-Paris, évoquant une qualité spirituelle et contemplative. Ce choix de titre reflète l'intention de Satie de créer de la musique qui transcende les conventions, encouragée par une rencontre avec le compositeur et occultiste Josephin Péladan. 


Le premier opus des Ogives a introduit une approche novatrice de la temporalité et de l'espace sonore dans la musique pour piano, influençant directement des générations de compositeurs minimalistes et contemporains.
La brièveté des pièces musicales d’Érik Satie exprime une volonté de resserrement et de concentration — écrit Vladimir Jankélévitch (…) Sans doute la réticence doit-elle être considérée comme un silence privilégié (…) une manière d’étrangler l’éloquence, une forme de la pudeur humaine devant l’indicible.

 

L'Ogive No. 1 fascine particulièrement

 

L'attractivité de l'Ogive No.1 réside dans sa simplicité apparente et sa profondeur émotionnelle. Son caractère épuré contraste radicalement avec la complexité et le pathos typiques de l'époque romantique, offrant une expérience d'écoute nouvelle et introspective.

Sa popularité auprès des pianistes et des auditeurs résulte également de son pouvoir mélodique immédiat, et de sa capacité à produire un espace méditatif unique au sein de l'environnement de l'auditeur. L'Ogive No.1 est souvent interprétée dans des contextes axés sur le bien-être, tels que le yoga ou la méditation, témoignant de son impact transcendant les frontières de la salle de concert.

Une œuvre fondatrice

 

De plus, cette pièce, accessible techniquement, est devenue un standard pour les pianistes désireux d'explorer des œuvres à la fois substantielles et non conventionnelles, ce qui contribue à sa présence récurrente dans les répertoires. L'Ogive No.1 incarne une œuvre fondatrice qui continue d’intriguer et d’inspirer. Sa résonance contemporaine prouve la vision avant-gardiste de Satie et son apport indélébile à l'art du piano. 
Les Ogives, et plus particulièrement la première, constituent un héritage laissé à l'évolution de la musique minimaliste et de la composition moderne, qui résonne encore profondément dans les sensibilités actuelles.

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Un dessin d'orgues signé Erik Satie

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