
Auditorium virtuel Claude Ballif
Messe des pauvres
C'est une mise en musique partielle de
la messe pour orgues et chœurs monodiques




Après la mort d'Erik Satie, son ami et exécuteur testamentaire Darius Milhaud fait paraître le manuscrit de la Messe des pauvres. Trois pièces sont interprétées en public par l'organiste Paul de Maleingreau lors d'un concert Pro Arte à Bruxelles, le 3 mai 1926 : Prière des orgues, Commune qui mundi nefas et Prière pour le salut de mon âme.
La première interprétation intégrale a lieu le 14 mars 1939 à l'Église de la Sainte-Trinité de Paris, sous la direction d'Olivier Messiaen.
Olivier Messiaen fut durant 61 ans l’organiste
titulaire de l'église de la Sainte Trinité (Paris).
Erik Satie reçu ses premières leçons de musique
de l’organiste de l’église Saint Léonard de Honfleur
Claude ballif fut élève d'Olivier Messiaen et lui succéda comme professeur d'analyse au Conservatoire national supérieur de musique de Paris.
Allez retrouver Claude Ballif dans notre auditorium
La messe des pauvres fut donc publiée à titre posthume
Composée entre 1893 et ​​1895, c'est l'unique œuvre liturgique de Satie et le point culminant de sa période "rosicrucienne" ou "mystique". Elle fut publiée à titre posthume en 1929. Au début des années 1890, la fascination de Satie pour le catholicisme médiéval, l'art gothique et le chant grégorien l'a conduit à explorer les influences religieuses dans sa vie et sa musique. Il a d'abord été attiré par le mouvement Rose + Croix de Joséphin Péladan, dont il a été le compositeur officiel de 1891 à 1892, et après avoir rompu avec Péladan, il s'est associé à l'écrivain occultiste Jules Bois, éditeur de la revue ésotérique religieuse "Le cœur".
Une création aux motivations obscures
Les motivations de Satie pour écrire la Messe des pauvres - la seule composition liée à son église - sont obscures. Intitulée à l'origine Grande Messe de l'Église Métropolitaine d'Art, c'était son œuvre la plus ambitieuse à ce jour, bien qu'il n'y ait aucune perspective évidente de la faire jouer. Les spécialistes de Satie, Ornella Volta et Robert Orledge, pensent qu'il a conçu la messe pour occuper son esprit après sa récente rupture avec la peintre Suzanne Valadon , qui l'avait laissé émotionnellement dévasté. On ne sait pas comment la messe a pris son titre définitif, Messe des pauvres . Les textes choisis par Satie ne font aucune référence aux pauvres en général, ce qui donne encore plus de poids aux spéculations selon lesquelles, dans sa pauvreté, il aurait essentiellement écrit la messe pour son propre réconfort.
​
En 1895, un don substantiel en espèces d'un ami permit à Satie de publier une série de tracts dans lesquels, sous couvert de son église, il critiquait ceux qu'il désapprouvait. Des extraits de la Messe des pauvres apparurent dans deux d'entre eux : un extrait de la Commune qui mundi nefas dans une brochure du même nom (janvier 1895), et le Dixit Domine complet - calligraphié en fausse notation grégorienne par Satie - dans la brochure Intende votis supplicum (mars 1895). Le seul compte rendu contemporain de la messe est un article du frère du compositeur, Conrad Satie, publié dans le numéro de juin 1895 du journal Le Cœur. Il la décrit comme un travail en cours, humblement écrit pour orgue et un chœur d'enfants et d'hommes. "Cette messe est une musique pour le sacrifice divin, et il n'y aura pas de partie pour les orchestres qui, je suis désolé de le dire, se retrouvent dans la plupart des messes".
​
Peu après la parution de l'article de son frère, l'imprévisible Satie perdit tout intérêt pour son église, la messe et la composition en général. Le même mois, il échangea ses robes et ses affectations religieuses contre les sept ensembles identiques de costumes en velours côtelé qui définiraient sa période "Gentleman de velours" et pendant près de deux ans, il n'écrivit rien. Dans son œuvre importante suivante, les Pièces froides pour piano (1897), Satie revisita le style pré-Rose + Croix de ses Gnossiennes et tourna le dos aux influences mystico-religieuses qu'il rejetterait plus tard sous le nom de "musique à genoux". La messe ne fut pas jouée de son vivant.
Edgard Varèse ne cachait pas son admiration pour la Messe des pauvres de Satie, en particulier le Kyrie : "une musique qui tourne sur elle-même comme une sculpture". À la fin de sa vie, travaillant à Nocturnal, il songeait souvent à la musique d'Erik Satie. Satie, lui, n'aimait pas Varèse, qui avait été son condisciple à la Schola Cantorum.
Pour autant, ils fréquentaient les mêmes cafés, et se connaissaient suffisamment pour que Satie lui emprunte régulièrement de l'argent.
​
Edgard Varèse et Erik Satie ont en commun d'avoir influencé John Cage ou encore Frank Zappa.
La Messe des pauvres est constituée de sept pièces, très brèves pour la plupart :
-
Kyrie eleison, pour chœurs et orgues,
-
Dixit Domine, pour chœurs et orgues,
-
Prière des orgues,
-
Commune qui mundi nefas, pour orgues,
-
Chant ecclésiastique, pour orgues,
-
Prière pour les voyageurs et les marins en danger de mort, à la très bonne et très auguste Vierge Marie, Mère de Jésus, pour orgues,
-
Prière pour le salut de mon âme, pour orgues