
Auditorium virtuel Claude Ballif
Relâche est un ballet de 1924 de Francis Picabia avec une musique d'Erik Satie.
Le nom était considéré comme un canular dadaïste, car relâcher est le mot français utilisé sur les affiches pour indiquer l'annulation d'un spectacle ou la fermeture d'un théâtre. Picabia a chargé le réalisateur René Clair de créer un entracte cinématographique pour le ballet. Le film s'appelait...Entr'acte.
Socrate
Socrate est un drame symphonique avec voix composé à la demande en 1916 de la Princesse de Polignac, celle-ci désirant une pièce musicale pour accompagner la lecture de textes philosophiques. Satie s'attelle à la composition de l’œuvre en 1917 et 1918 et livre une version avec piano et une avec orchestre, non sans modifier la commande en créant une partie pour voix et en la consacrant uniquement à Socrate, avec des extraits de textes de Platon. Satie avait choisi les traductions en français de Victor Cousin qu'il avait modifiées légèrement.


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Ecoutez "Socrate"
Le peintre belge Jan Cox a réalisé deux tableaux sur la mort de Socrate (1952 et 1979) renvoyant à la pièce de Satie : un fragment de la partition de Socrate est collé sur cette toile. Jan Cox admirateur de Satie était un visionnaire silencieux qui, sans aucune concession, restait totalement fidèle à lui-même et à l'objectif pictural qu'il s'était fixé.

Socrate (Portrait de Socrate" - " Bords de L'Illissus" - " Mort de Socrate") fut conçu au même moment où Satie entretenait des liens étroits avec le monde cubiste. Pablo Picasso et Georges Braque furent désormais les maîtres d’un courant artistique qui allait révolutionner le monde artistique. De concert avec les valeurs avant-gardistes prônées par Erik Satie, les cubistes cherchèrent à bousculer les attentes du public en modifiant l’approche visuelle de manière à stimuler les différentes perceptions sensorielles."


« Vive Platon ! Vive Victor Cousin ! Je suis libre ! Très libre ! Quel bonheur ! »

Georges Braque partage une profonde amitié avec Erik Satie. Ils sont tous deux Normands, ils ont un tempérament plutôt solitaire et l'esprit grand ouvert aux autres arts. La musique est aussi importante pour Braque que les arts plastiques pour Satie. Ce dernier mange chaque semaine chez Georges Braque, ils s'inspirent mutuellement. L'œuvre de Braque intitulée Guitare et verre est née de son amitié avec Erik Satie. Braque écrit sur la toile le mot Socrate, le titre du drame symphonique de Satie.
Créée en 1918 avec l'immense mezzo-soprano Jane Bathori, dans le salon de la commanditaire, la pièce suscita une vive émotion parmi les convives qui finirent en larmes d’après Valentine Hugo, peintre proche du compositeur. Le public est divisé mais ses proches sont conquis, en particulier les artistes de son entourage. Il inspire notamment Brancusi pour la sculpture, Jan Fox en peinture, et Merce Cunningham qui réalise deux chorégraphies à partir des transcriptions pour piano faites par John Cage.
Henry Prunières qualifie la partition d’œuvre "en tout cas originale, spontanée, sincère, exempte de tout pédantisme, de toute affectation", et souligne que "Socrate va troubler ceux qui ne voient, en son auteur, qu'un humoriste, un Alphonse Allais de la musique, sans pressentir la portée de ses créations [...] Qu'une telle musique ne soit pas un instant monotone, ni languissante, c'est le miracle [...] Spectacle bien rare que celui d'un artiste créant son chef-d'œuvre à cinquante ans passés !"